Par : Edouard Karbouche
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Né en 1821 à Paris, Charles Baudelaire perd son père à l’âge de 6 ans et ne supporte pas le nouveau compagnon de sa mère, le commandant Aupick, général de division, ambassadeur et sénateur du second empire.
Etant un élève insolent et rebelle à toute autorité, il se fait renvoyer de quelques lycées pour terminer au lycée Louis-Le-Grand.
Les fréquentations du poète sont douteuses, ces parents, effrayés, décident d’embarquer Charles Baudelaire pour un voyage aux Indes qui n’interessa pas ce-dernier.
A son retour des Indes, Charles Baudelaire est majeur et dispose de l’héritage de son père, il rencontre Théophile Gautier et commence à dépenser sans compter, les amis font chaques boutiques, bars qu’ils croisent jusqu’à ce que la famille de Charles Baudelaire, n’acceptant pas ce choix de vie, le pourvoit en conseil judiciaire en 1844, qui va d’ailleurs donner raison à sa famille, le limitant dans ses dépenses jusqu’à la fin de sa vie. Baudelaire ne supporte pas cette vie, il tente de se suicider en 1845.
Il commence à écrire et traduit les oeuvres d’Edgar Allan Poe, tandis qu’il vie divers histoires d’amours avec Jeanne Duval, Marie Daubrun… Il publie en juillet 1857 « Les Fleurs du Mal », quelques mois plus tard il sera condamné pour immoralité et devra supprimer 6 poèmes du livre ainsi que de s’acquitter d’une légère amende (le procès a été révisé et les 6 poèmes retrouvent leurs places dans Les Fleurs du Mal en 1949).
En 1860 il termina « Les Paradis artificiels » (étude de divers drogues) puis « Petits poèmes en prose » en 1863 et enfin « Le Spleen de Paris » en 1864.
En 1866, il est atteint d’une paralysie générale, il retourne à Paris pour mourir et désire se faire enterrer au cimetière Montparnasse.
Aujourd’hui, Les Fleurs du Mal est dans le top des ventes de littérature française avec plus de 5 millions de livres vendus.
L’albatros
Souvent, pour s’amuser, les hommes d’équipage
Prennent des albatros, vastes oiseaux des mers,
Qui suivent, indolents compagnons de voyage,
Le navire glissant sur les gouffres amers.
A peine les ont-ils déposés sur les planches,
Que ces rois de l’azur, maladroits et honteux,
Laissent piteusement leurs grandes ailes blanches
Comme des avirons traîner à côté d’eux.
Ce voyageur ailé, comme il est gauche et veule!
Lui, naguère si beau, qu’il est comique et laid!
L’un agace son bec avec un brûle-gueule,
L’autre mime, en boitant, l’infirme qui volait!
Le Poète est semblable au prince des nuées
Qui hante la tempête et se rit de l’archer;
Exilé sur le sol au milieu des huées,
Ses ailes de géant l’empêchent de marcher.
Reversibilité
Ange plein de gaieté, connaissez-vous l’angoisse,
La honte, les remords, les sanglots, les ennuis,
Et les vagues terreurs de ces affreuses nuits
Qui compriment le coeur comme un papier qu’on froisse?
Ange plein de gaieté, connaissez-vous l’angoisse?
Ange plein de bonté, connaissez-vous la haine,
Les poings crispés dans l’ombre et les larmes de fiel,
Quand la Vengeance bat son infernal rappel,
Et de nos facultés se fait le capitaine?
Ange plein de bonté connaissez-vous la haine?
Ange plein de santé, connaissez-vous les Fièvres,
Qui, le long des grands murs de l’hospice blafard,
Comme des exilés, s’en vont d’un pied traînard,
Cherchant le soleil rare et remuant les lèvres?
Ange plein de santé, connaissez-vous les Fièvres?
Ange plein de beauté, connaissez-vous les rides,
Et la peur de vieillir, et ce hideux tourment
De lire la secrète horreur du dévouement
Dans des yeux où longtemps burent nos yeux avide!
Ange plein de beauté, connaissez-vous les rides?
Ange plein de bonheur, de joie et de lumières,
David mourant aurait demandé la santé
Aux émanations de ton corps enchanté;
Mais de toi je n’implore, ange, que tes prières,
Ange plein de bonheur, de joie et de lumières!